Cours de droit processuel de règlement des conflits : Théorie générale des conflits - Ivoire-Juriste
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Cours de droit processuel de règlement des conflits : Théorie générale des conflits

Franck-Willy Franck-Willy
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Cours de droit processuel de règlement des conflits : Théorie générale des conflits
Cours de droit processuel de règlement des conflits : Titre 2 - Théorie générale des conflits


Cours de droit processuel de règlement des conflits : Titre 2 - Théorie générale des conflits 

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TITRE I : THEORIE GENERALE DU CONFLIT

NB : La théorie générale du conflit est une étude générale de la notion de conflit. Elle permet de savoir, peu importe le type de société dans lequel l’on se trouve, les causes, les manifestations et les solutions possibles que l’on peut envisager face à une situation conflictuelle. Cela n’est donc pas propre au droit. La théorie générale du conflit peut être abordée suivant plusieurs types de doctrines. Nous avons fait le choix d’une des doctrines les plus simplistes et populaires du fait de son adaptation parfaite aux réalités ivoiriennes. La présente partie est empruntée à un support d’enseignement de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) auquel nous avons apporté des adaptations indispensables.

Cette première partie introduit des idées de base sur le conflit, la violence, la paix et des approches théoriques sur la prévention, la gestion, la résolution et la transformation des conflits.

I. COMPRENDRE LE CONFLIT ET LA VIOLENCE.

1.1. Conflit et violence

Exercice : qu’entendez-vous par le mot conflit ?

Tableau 1 : Une liste de mois est dressée par les participants :

Méfiance

Révolte

Guerre

Nervosité

Bagarre

Réfugié

Peur

Injustice

Fuite

Rumeurs

Blessure

Palabre

Pillage

Oppression

Suspicion

Inégalité

Méfiance

Mauvaise répartition des biens

Souffrance

Désinformation

Famine

Dispute

Viol

Tension

Désordre

Corruption

Injures

Désaccord

 

Incompatibilité..


Tous les éléments donnés peuvent se classer en trois niveaux :

- Sentiments ;

- Attitudes ;

- Comportements.

Définitions

• Le conflit se définie comme une incompatibilité des idées, des valeurs et des intérêts. Il est une relation entre deux ou plusieurs parties (individus ou groupes) qui ont, ou pensent avoir, des objectifs incompatibles. Le conflit est un phénomène normal, naturel, inévitable car il est lié aux attitudes, comportements et sentiments. Il est souvent créatif et positif (aborder de manière constructive).

• Le conflit négatif est la violence. Dans ce cas, il est abordé de manière destructive à travers des actions, des mots, des attitudes, des structures ou des systèmes qui causent un préjudice physique, psychologique, social ou environnemental et/ou empêchent des gens d’atteindre leurs pleines potentialités humaines.

• La violence peut être physique ou visible (meurtres, bastonnade, torture, intimidations...) et structurelle ou institutionnelle ou moins visibles (haine, peur, défiance, xénophobie, intolérance, insécurité...).

1.2. Typologie des conflits

Tableau : Comportements et objectifs liés au conflit

Comportements

Objectifs


Compatible

Pas de conflit «perception dune paix stable »

Conflit latent

« conflit non extériorisé mais existence de signes annonciateurs » (Méthode dalerte précoce)


Incompatible

Conflit superficiel « conflit ayant des racines superficielles ou pas (mésentente, incompréhension... )

Conflit ouvert

« conflit à la fois enraciné et très visible) (conflit foncier, halieutique, ethnique, politique...


Ce tableau ci-dessus montre les relations entre les objectifs et le comportement ainsi que leurs implications en termes de conflit. Le but est d’illustrer des types de conflit afin de s’orienter vers différentes sortes d’intervention possibles.

1.3. Styles et formes de Résolution du conflit

- Styles de conflit

Le style de conflit, c’est l’approche que l’on utilise pour résoudre un conflit. Il existe différentes façons d’aborder un problème :

a) La confrontation : C’est lorsqu’un problème aboutit à un affrontement. Dans la confrontation on voit l’autre comme Je problème initial, la source du conflit et on se concentre sur les différences.

b) La coopération ou collaboration : Consiste à ne pas faire de l’autre le problème. Il faut le considérer avec dignité et se mettre ensemble pour aborder et éliminer le problème.

c) L’évitement : C’est le fait d’ignorer, d’éviter le terrain de conflit sur lequel l’un veut amener l’autre.

d) Le compromis : On n’élimine pas le problème mais on essaie de trouver une solution en faisant des concessions de part et d'autre.

Exercice : Quel est le style que vous utilisez le plus dans le quotidien ?

Dans bien des cas, on a tendance à utiliser la confrontation. Tous ces styles sont utilisés selon les cas. De toutes ces approches, la meilleure façon d’aborder le conflit est la collaboration.

Ces styles nous aident à comprendre comment le conflit peut s’aggraver ou être réduit.

Questions : Comment aborder une personne avec laquelle nous sommes en conflit ?

Obstacles liés à l’approche collaborative. On peut les classer en plusieurs groupes

Stéréotypes

Perception

Les préjugés

-Les croyances (coutumes, religions)

-L'orgueil

 

-L'égoïsme

Faux leadership

L'ignorance

-L'amertume

-La haine

-Le chômage

 

-Les armes

Mauvaise information

-Les intérêts économiques

Les rumeurs

 

Le manque de communication

 

-Le manque dinformation

 

En tant qu’acteur de paix, nous devons prendre conscience de ces obstacles et les dépasser pour éviter les conflits intercommunautaires.

1.4. La typologie de conflit

Les types de conflits entre les personnes et les groupes sont divers.

D’une part, ils peuvent être des conflits d'idées, des conflits d'intérêts, des conflits de personnes ou encore des conflits de position.

Les conflits d'idées : le désaccord entre les parties porte sur des opinions, des points de vue différents, perçus comme opposés.
- les conflits de valeurs : le différend porte sur un choix de vie, une idéologie.

Les conflits d'intérêts :
il y a divergence sur les intérêts de chaque groupe ou personne.

Les conflits de personnes : ils sont issus de réactions d'antipathie, de compétitions. Les facteurs évoqués alors sont liés aux autres, à soi-même ou à l'environnement.

Les conflits de positions :
ce type de conflit apparaît lorsque, dans l'échange, des personnes se positionnent sur des bases idéologiques différentes. Chacun a une position qui peut être basée sur un modèle intégré inconsciemment et qui n'a jamais été remis en cause, ni réfléchi.

D’autre part, le conflit peut avoir lieu au niveau d’une personne, d'un groupe, opposer deux personnes ou deux groupes, voire plusieurs personnes ou plusieurs groupes. Selon le cas cela permettra de distinguer les types suivants :

1.1.4. Le conflit intra personnel

Survient chez un individu et concerne souvent une forme quelconque de conflit d’objectif ou de conflit cognitif.

Le conflit d’objectif apparaît quand le comportement d’une personne aboutit à des résultats qui s’excluent mutuellement ou qui comportent des éléments incompatibles. Nous distinguons trois types de conflits d’objectifs intra personnels :

Le conflit entre une acceptation et une autre : situation dans laquelle un individu doit choisir entre deux ou plusieurs options qui conduisent à des résultats positifs.

Le conflit entre une chose à éviter et une autre : situation dans laquelle un individu doit choisir entre deux ou plusieurs options qui auront toutes des résultats négatifs.

Le conflit entre une acceptation et une chose à éviter : situation dans laquelle un individu doit décider de faire ou de ne pas faire une chose qui aura des conséquences simultanément négative ou positive.

La discordance cognitive : Il y a discordance cognitive quand les individus admettent que leurs pensées, attitudes, valeurs et /ou comportements sont contradictoires. Il est généralement angoissant et désagréable pour quelqu’un d’admettre qu’il existe chez lui des incompatibilités importantes. Arrivé à un certain degré, le malaise pousse généralement l’intéressé à réduire l’ampleur des incompatibilités (la discordance) et à rétablir l'équilibre. En bref, l'équilibre peut-être obtenu :

- par une modification des pensées, attitudes, valeurs et/ ou comportements.

- par un complément d'information au sujet de la question qui provoque la discordance.

1.2.4. Le conflit interpersonnel

Il implique plusieurs individus qui se perçoivent eux-mêmes opposés entre eux au sujet de leurs préférences respectives en matière d'objectifs et/ou d’attitudes, de valeurs, de comportements.

1.3.4. Le conflit intra groupe

Le conflit intra groupe implique davantage qu’une somme de conflits intra personnels et interpersonnels. Le conflit intra groupe désigne les heurts qui se produisent entre tous les membres d’un groupe ou certains d’entre eux, et il affecte souvent le fonctionnement du groupe et les résultats obtenus par celui-ci.

La nature de la tâche assignée ainsi que les processus relationnels et émotionnels qui se déroulent au sein du groupe déterminent les causes du conflit intra groupe ou la manière dont celui-ci se résout.

1.4. Le conflit Intergroupe

Il comprend les désaccords et les heurts qui surviennent entre deux ou plusieurs groupes. Le plus connu est celui qui se produit entre les syndicats et la direction. Ils sont souvent extrêmement intenses, interminables et coûteux pour les intéressés.

1.5.4. Le conflit intra organisationnel

Il provient de l'opposition et des heurts suscités principalement par la manière dont les postes de travail sont définis, dont l'organisation est structurée et dont l’autorité officielle est répartie. Il y a trois types principaux de conflits internes à l'organisation : le conflit vertical, le conflit horizontal et le conflit relatif aux rôles.

- Le conflit vertical : Il découle des heurts qui surviennent entre différents niveaux d’une organisation. Ils peuvent être liés à un défaut de communication, de conflit d’objectifs ou d’une absence de consensus en ce qui concerne la façon de percevoir certaines informations et certaines valeurs.

- Le conflit horizontal :
il surgit lorsque chaque département s’acharne à poursuivre ses seuls objectifs sans se préoccuper des conséquences que cela entraîne pour les autres départements. Il peut aussi se produire lorsque les employés appartenant à différents départements adoptent des attitudes contradictoires.

- Le conflit relatif aux rôles :
il se produit quand une personne donnée reçoit (de la part de l'émetteur qui lui attribue un rôle) des messages et des pressions qu’elle perçoit comme étant incompatibles entre eux. En fin de compte, la personne visée réagira en adoptant certains comportements qui dans l’avenir, serviront de données pour les pourvoyeurs de rôle.

L’ambiguïté du rôle provient du fait que la personne visée perçoit un défaut de clarté et de logique dans les indications qu'elle reçoit à propos des tâches qui lui sont assignées. Les réactions qui peuvent s’en suivre sont :

- une manière d’agir agressive et des manifestations d’hostilité dans les communications avec autrui.

- un retrait.

- le désir de rechercher une solution conjointement avec la ou les personnes qui ont assigné le rôle.

II-LA PREVENTION, LA GESTION, LA RESOLUTION ET LA TRANSFORMATION DES CONFLITS

« Il ne suffit pas de parler de paix. Il faut croire en elle. Et il ne suffit pas d'y croire. Il faut la construire ». (Eleanor Roosevelt, 1884-1962)

3.1. Théories sur les causes des conflits

Pour aider à étudier les causes des conflits, le tableau 3 ci-dessous résumer nous présente les résumés de quelques grandes théories relatives aux causes des conflits dont chacune indique ses objectifs.

Tableau : Théories et objectifs liés aux conflits

Théories

Vision

Objectifs

Théorie des relations communautaires

Cette théorie part du principe que le conflit est causé par une longue polarisation, une défiance et une hostilité entre les différents groupes au sein d'une communauté.

Améliorer la communication entre les groupes en conflit, le développement d’une plus grande tolérance et l’acceptation de la diversité dans la communauté.

Théorie des besoins humains

le conflit profondément enraciné, est par la non satisfaction ou la frustration par rapport à des besoins humains fondamentaux : sécurité, identité, reconnaissance, participation, autonomie...

aider les parties en conflit à identifier et à partager leurs besoins non satisfaits et d'aboutir à des accords qui satisfassent les besoins humains fondamentaux de toutes les parties en conflit.

Théorie de l’identité

le conflit est causé par des sentiments d’identité menacée, trouvant généralement leurs racines dans les pertes et la souffrance du passé qui ne sont pas résolues.

organiser des sessions de dialogue avec des facilitateurs afin que les parties en conflit identifient les menaces et les peurs qu'elles ressentent pour favoriser la compassion et la réconciliation entre elles

Théorie de la mésentente interculturelle

le conflit est causé par des incompatibilités entre les différents styles culturels de communication

accroître la connaissance que chacune des parties en conflit a de la culture de l’autre, réduire les stéréotypes négatifs qu’elles ont chacune sur l’autre et favoriser une communication interculturelle efficace.

Théorie de la transformation du conflit

conflit part de réels problèmes d'inégalité et d’injustice exprimés par des cadres sociaux, culturels et économiques concurrentiels.

développer des processus et des systèmes qui favorisent le renforcement des capacités, la justice, la paix, le pardon, la réconciliation, la reconnaissance.


3.2. Le traitement des conflits: prévenir, gérer, résoudre ou transformer 

La nouvelle conflictualité apparue après la guerre froide a suscité un développement considérable dans la recherche et les efforts pratiques pour la réduction des conflits violents. 

Ainsi, les gouvernements comme la société civile ont essayé de développer des réponses à ce problème de violence qui est en train d'entraver le développement humain par la menace de la paix à travers plusieurs approches possibles, considérées comme des étapes d'un processus, voire complémentaires ou interdépendantes. 

Tableau 4 : Répondre au conflit

 

Conflit latent

Conflit superficiel

Conflit ouvert

Prévention du conflit

 

 

 

Règlement du conflit

 

 

 

Gestion du conflit

 

 

 

Résolution du conflit

 

 

 

Transformation du conflit

 

 

 


Le tableau ci-dessous permet de mieux comprendre les différentes approches liées au traitement d’un conflit :

La prévention du conflit : elle vise à empêcher l’éclatement d’un conflit violent. Cette approche renvoie à des stratégies de traitement du conflit pendant qu’il est encore latent, dans l’espoir d’empêcher une escalade aboutissant à la violence ;

La gestion du conflit : elle vise à limiter et à éviter toute violence future en favorisant des changements de comportements positifs au niveau des parties impliquées ;

La résolution du conflit : elle traite les causes du conflit et cherche à établir entre les groupes hostiles des relations nouvelles et durables. Elle renvoie donc à des stratégies de traitement de conflit ouvert dans l’espoir de trouver un terrain d’entente entre les parties en conflit ;

La transformation du conflit : elle traite l’ensemble des sources sociales et politiques d’un conflit et cherche à transformer l’énergie négative du conflit en changement social et politique positif. 

Elle est donc la stratégie la plus complète et est celle qui nécessite l’engagement le plus long et le plus étendu.

3. 3. Eventail du degré de participation mutuelle des parties en conflits et/ou des acteurs de paix


À l’extrême gauche de l'éventail se trouvent les démarches où la participation mutuelle est minimale. 

L’usage de la force par une des parties afin d’imposer une solution est un exemple type de cette participation minimale.

Un peu plus à droite, se trouve la décision juridique. Ici, c’est une partie tierce plutôt qu’un adversaire qui impose une solution au conflit. Mais, la participation mutuelle est un peu élevée contrairement au premier cas.

L’arbitrage est placé à la droite de la décision juridique. La participation des parties en conflit est encore élevée car les deux adversaires peuvent choisir qui va décider des questions en litiges. Cependant, la solution est de nouveau arrêtée par quelqu'un d’extérieur. Ainsi, selon le type d’arbitrage, l’issue peut être imposée par la force de la loi.

Vient ensuite la négociation. Ici la participation de toutes les parties en conflits dans la recherche d’une solution est très importante. En effet, il revient aux parties elles-mêmes de formuler les problèmes et de trouver les solutions. Toutefois, la partie qui dispose de la plus grande force de marchandage peut finalement tirer profit des négociations.

La médiation est un type particulier de négociation où la recherche de solutions mutuellement satisfaisantes par les parties est soutenue par une partie tierce. Le rôle de celle-ci est de celle-ci est de minimiser les obstacles au processus de négociation.

A l’extrême droite de l’éventail, se place la réconciliation. Cette démarche non seulement tente de résoudre les questions qui sous-tendent le conflit mais œuvre également à modifier les comportements violents et hostiles entre les adversaires en amitié et en harmonie.

Plus on se déplace vers la droite de l’éventail, c’est-à-dire plus la participation de toutes les parties dans la recherche d’une solution augmente, plus la probabilité d'arriver à une solution durable et mutuellement satisfaisante augmente.

Si donc les parties s’engagent honnêtement dans la recherche de solutions et sont capables de trouver des résolutions satisfaisant les besoins et les intérêts de tous, il peut y avoir de meilleure garantie pour la durabilité du règlement ; d’où la transformation des conflits aboutissant à la cohésion sociale pour la réconciliation effective. Cela aboutira à plus d'actions proactives que réactives.

III- LES TECHNIQUES D’ANALYSE D’UN CONFLIT

L’analyse du conflit est un processus pratique d’examen et d’appréhension de la réalité du conflit selon des angles de vue divers. Elle peut se faire à l’aide d’un certains nombres d'outils ou de techniques, en l’occurrence, l’arbre à conflit, les champs des forces ou parties et l’Oignon.

1. L’Arbre à conflit

C’est un outil graphique qui se sert de l'image d’un arbre pour lister les problèmes clés du conflit. Il s'utilise mieux en groupes pour mieux identifier les causes, enjeux et effets du conflit. En effet, cet outil, le conflit est généralement représenté par un arbre avec les différentes parties. Les branches représentent les effets, les symptômes du problème. Le tronc, c’est l’enjeu primordial et les racines représentent les causes principales.

NB : Très souvent, nous confondons les causes du conflit qui sont plus profondes et les effets qui sont visibles.

Exercice : Analyser un conflit foncier de la région sous l’angle de l’arbre à conflit

 
Branches (effets)
Troie (Problème principal)
Racines (Causes)

 

 

 

 

 

 

 

 

 


2. Analyse par champ de forces ou de parties

Cet outil peut servir à identifier les différentes forces ou parties qui influent sur le conflit. Il permet donc d’identifier des forces positives et négatives et d'essayer de jauger leurs forces et faiblesses. A travers cette analyse, il faut déterminer :

- les parties primaires ou parties visible : sont les personnes ou parties directement concernées par le conflit ;

- les parties secondaires ou parties invisibles : sont celles qui poussent les parties en conflit et qui souvent ont des intérêts dans le conflit ;

- les tierces personnes : sont celles qui sont plus ou moins neutres, non directement concerner par le conflit mais peut jouer un rôle pour aider les parties en conflit.

NB : Il est important de prendre en compte toutes les parties dans le processus de résolution du conflit.

a. L’oignon ou les positions et intérêts

Cette analyse est basée sur l’analogie de l’oignon avec ses couches. La couche supérieure contient les positions et en dessous, les intérêts.

Il ne suffit pas de savoir tous les groupes impliqués, il faut aussi savoir ce qu’ils veulent, et ce dont ils ont besoin. Il est aussi encore plus important de faire une distinction entre :

- les positions : ce que les gens disent qu’ils veulent, ce qu’ils demandent publiquement

- les intérêts : ce que les gens veulent, ce qui les motive, qui peut ne pas être clairement exprimé.

Il est donc nécessaire de trouver les intérêts des parties en conflit et la force de leur relation (entre partis primaires et secondaires).

IV. RECONSTRUCTION POST CONFLIT : RECONSTRUCTION PHYSIQUE, SOCIALE ET PSYCHOLOGIQUE ET RECONCILIATION.

1. Reconstruction physique, sociale et psychologique

La période post-conflit est un moment de réflexion intense et une affirmation d’engagement à une vision d’un autre avenir. Cet engagement peut servir de catalyseur pour la construction de l’unité et l’engagement dans un processus de reconstruction pour le développement de nouveaux modes d’interrelations et de comportement. Le tableau ci-dessous présente quelques niveaux d'intervention en période post-conflit.

Tableau : Reconstruction et actions à mener

Types de reconstruction post-conflit

Actions ou activités possibles à mener

Reconstruction physique et sociale : aider à réparer les préjudices

Réhabilitation communautaire Investissement dans les infrastructures Assistance technique externe

Implication des communautaires dans les initiatives locales : comité projets, comité de paix.

Reconstruction

psychologique : aider les gens à parler du passer

Soulagement du traumatisme (mise en place des forums où les concernés peuvent se rencontrer et discuter, prise en compte des besoins sociaux et culturels des victimes)

Compte-rendu psychologique (fait, idées, décisions, impressions sensorielles, émotions)

Reconstruction sociale : créer des relations pour trouver un équilibre entre vérité, justice, grâce pour la réconciliation

Vérité (reconnaissance, transparence, révélation, clarté) Justice (égalité, restitution, droits, responsabilité)

Grâce (acceptation, pardon, soutien, compassion, soulagement)

,                             



2. Compréhension de la réconciliation

La réconciliation est un processus aussi bien qu’un objectif. C'est la manière dont chaque société décide de réunir les concepts de vérité, pardon et justice à la suite d'une période post-conflit. La participation totale et active de la population affectée par la violence est essentielle pour tout processus de réconciliation.

Les leçons tirées de la Commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud donnent plusieurs perceptions de la réconciliation :

- La réconciliation demande la persévérance ;

- La réconciliation est fondée sur le respect de notre nature humaine commune ;

- La réconciliation implique une forme de justice de remise en place qui ne cherche pas la vengeance ni l’impunité ;

- La réconciliation ne balaie pas les souvenirs du passé : elle intègre l’importance vitale d’apprendre des violations du passé et de les réparer, au nom de notre présent commun et de nos enfants ;

- La réconciliation n’implique pas nécessairement le pardon. Ce qu'elle implique, c’est un minimum de volonté de coexister et de travailler pour la gestion pacifique de continuelles différences ;

La réconciliation nécessite l’engagement de tous à la transformation des inégalités, des injustices, de la pauvreté et à la promotion de la démocratie, du respect des droits de l’homme...

3. Pistes d’actions possibles pour le travail sur le tissu social

Pour rétablir la cohésion sociale afin de contribuer à la réconciliation nationale, plusieurs pistes d'actions possibles sont à envisager dans les milieux communautaires ivoiriens.

3.1.L’éducation pour la paix et la justice

Cette éducation à la paix nécessite des transformations aux niveaux personnel, relationnel, culturel et structurel pour promouvoir des valeurs de non-violence, tolérance, respect des droits de l’homme et de la démocratie.

❖ Transformation personnelle

C’est un changement effectué et désiré par l’individu. En effet, en tant que médiateur, il faut d'abord accepter soi-même la transformation. C’est en ce sens que Gandhi affirme que « nous devons d’abord être le changement que nous voulons avoir ». Ce changement s’opère à quatre niveaux : émotionnel, perceptuel, spirituel et physique.

- Au niveau émotionnel : commencer par la maîtrise de soi ;

- Au niveau perceptuel : prendre le temps de comprendre ce que veut dire l’autre. Il faut accepter l’autre, s’ouvrir à l’autre ;

- Au niveau spirituel aimer contribuer au bonheur et à l’épanouissement des autres ;

- Au niveau physique : la façon de s’habiller, de parler, la simplicité des gestes doivent être de nature à rassurer l’autre.

- Transformation culturelle

La transformation va consister à identifier les modèles culturels susceptibles de favoriser le changement positif. En Côte d’ivoire, l’accent pourrait être mis sur les alliances interethniques par exemple.

- Transformation relationnelle

Notre façon de traiter les gens peut en faire des amis ou des ennemis. C’ est pourquoi la transformation, à ce niveau, doit se rapporter au modèle de communication des communautés. La transformation relationnelle consiste donc à minimiser les peurs, les craintes pour favoriser la compréhension mutuelle.

- Transformation structurelle

La transformation culturelle consiste à réduire les expressions violentes (les stéréotypes, les préjugés etc.) pour stimuler ou accroître les structures qui satisfont les besoins humains fondamentaux. Il s'agit d'accroître la participation des gens dans la prise des décisions.

3.2. Promotion de la participation des personnes dans les prises de décision

La participation est un principe de développement largement reconnu : les gens doivent être impliqués dans les décisions qui ont un effet sur eux. Cette participation pourrait être perceptible à travers des activités comme :

- Des sessions de dialogue et de médiation

L'administration devra organiser des activités de dialogue social, d’échange entre les communautés divisées ainsi que de médiation après les activités de collectes de données dans les localités où le conflit est ouvert ;

- Des événements de solidarité positive

Il s’agit de soutien apporté aux événements de solidarité organisés par des communautés et des groupes autour des intérêts communs pour faciliter la cohabitation pacifique ;

- Des théâtres interactifs

Des tournées de théâtre interactif dans les différentes zones pour renforcer la cohésion sociale à travers des sessions de formation en rassemblant dans un même endroit plusieurs personnes. Il permet de dissiper les craintes, les peurs et la méfiance entre les communautés par les échanges et l’accès direct à l’information ;

- Réactivation des comités de paix

Un comité de paix ou encore comité de médiation est un mécanisme de résolution des conflits. Ces comités de paix ou de médiation sont composés de facilitateurs, des représentants des parties en conflit et des autorités traditionnelles etc.

Ces comités de paix travaillent en synergie avec les autorités traditionnelles et modernes de leurs localités respectives pour la gestion et la résolution des conflits.

- Mise en place des comités projets

La crise que traverse la Côte d’ivoire a de nombreuses répercussions sur les infrastructures communautaires et, partant, sur le revenu et le cadre de vie des populations. Pour pallier les difficultés socio-économiques, il faudra créer et installer des comités projets. Le comité projet un ensemble de personnes responsables désignées par les communautés pour conduire communautaire.

CONCLUSION

Le conflit relève de la nature humaine. C’est la confrontation des idées, des intérêts, etc. seulement qu’il naît facilement alors que son règlement est une œuvre de longue haleine et nécessitant une participation active de la communauté. Ce qui justifie que les entreprises soient aussi cernées par les conflits et que des modes de résolution soient indispensables à cet effet.

C'est ici que s'achève cette deuxième partie de ce cours. Vous êtes libre de consulter également :
- Titre 2 : Les modes alternatifs de résolution de conflits d'entreprise


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